Ca sert d’os

Qu’est-ce qu’un prêtre, un sacerdote, comme disent les Italiens, si ce n’est un lointain cousin du pasteur, de l’imam et du rabbin ? Quel est son rôle sinon de ne pas se marier et d’être le guide religieux des catholiques ? Question pas si facile ! Serions-nous tombés sur un os ?

Je vous proposerais bien cette réponse : un prêtre est un homme de relation. Mais entendons-nous bien, il ne s’agit ni de politique, ni de réseau, ni de mondanité. Il s’agit de relation à Dieu. La magnifique tâche du prêtre est de donner Dieu aux hommes et les hommes à Dieu. Voici peut-être la moelle du sacerdoce. Le sacrement de l’ordre n’est pas « le sacrement qui donne des ordres », pas plus que « le sacrement de l’ordre moral » ni celui « du parfait ordre liturgique » : il est le sacrement qui ordonne certains hommes au service du peuple de Dieu, afin que tout homme puisse entrer dans l’Alliance, y grandir et recevoir la vie en abondance.

Souvenons-nous que le Christ est « le Grand-Prêtre par excellence » (He 4,14). Par sa croix il a réconcilié le monde avec Dieu. Par son eucharistie, il nous livre son propre sacrifice pour nous nourrir et nous fortifier chaque jour. Dieu ne veut pas seulement nous sauver, mais il veut encore nous associer à sa victoire, à sa vie et à sa joie. Il veut faire de nous « son peuple » (He 8,10), « un peuple de prêtres » (Ex 19,6), « un peuple ardent à faire le bien » (Tt 2,14).

Un jour un enfant m’a demandé : « tu veux être prêtre parce que tes parents sont prêtres ? » Après l’éclat de rire, j’ai pris conscience que sa question n’était pas si absurde : car oui, mes parents sont prêtres ! Tout baptisé est prêtre par son baptême ! Et le rôle des ministres n’est autre que de servir ce « sacerdoce royal des baptisés » (1 P 2,9) (nouvel os théologique à ronger !).

Aussi fou que cela puisse paraître, il a plu à Dieu que sa présence soit manifestée et transmise au monde par des hommes qu’il a appelés par pure grâce « à être avec lui » (Mc 3,14), pour devenir les « intendants de ses mystères » (1 Co 4,1) et ainsi « être les serviteurs de votre joie » (2 Co 1,24). Saint Augustin écrit quelque part qu’ « il faut un bon pasteur pour faire de bonnes brebis » et il s’empresse d’ajouter qu’ « il faut de bonnes brebis pour faire un bon pasteur ». Chers paroissiens de Sainte-Marie, je compte donc sur vous, priez pour moi, comme je prie pour vous.

Père Alexis Julien-Laferrière