la Loi, c’est la vie

Dura lex, sed lex. La loi est dure, mais c’est la loi !
Telle est l’expérience du commun des mortels devant certaines obligations légales. Et si nous avons une très haute idée de l’obéissance quand il s’agit des autres, nous nous révélons beaucoup plus accommodants avec nous-mêmes… « Eh, quoi ! si j’ai fait cela, c’était pour un plus grand bien ! Et puis, je n’avais pas vraiment le choix. Sans compter que cette loi est mal faite. » Mais voilà, ces petits débats intérieurs dissonent avec l’amour biblique de la loi : « Tu observeras tous les commandements du Seigneur […] et tu auras longue vie […] et cela t’apportera bonheur et fécondité ! » (Dt 6,5). Quelles promesses !

« Bien sûr, me direz-vous, mais il s’agit là de la loi divine, pas des lois humaines ! Et puis cette fameuse Loi du Deutéronome est réservée aux Juifs, non ? »
Il est vrai que la loi s’entend à plusieurs niveaux : il y a tout d’abord la loi éternelle que le Seigneur a inscrite au cœur de la création dans un ordre que l’on appelle loi naturelle. Il revient ensuite aux hommes de transcrire cette dernière en lois humaines. Enfin, il y a la loi révélée, c’est-à-dire la loi ancienne et ses 613 commandements donnés à Moïse et la loi nouvelle, incarnée par le Christ, et qui consiste, comme croyants, à recevoir la grâce de l’Esprit Saint pour aimer Dieu, son prochain et soi-même (Mc 12,30). Le point commun entre toutes ses lois ? Avoir Dieu pour auteur direct ou indirect et la sainteté comme objectif. « Toute autorité vient de Dieu » (Rm 13,1) affirme en effet Paul, qui ne craint pas de faire le lien entre autorité divine et autorités humaines. Or, obéir à la loi, c’est être en communion avec le législateur, c’est-à-dire, pour nous autres démocrates, avec le corps social et… avec Dieu !

La Toussaint commence ici, ou plus précisément, avec la loi nouvelle qui porte à leur achèvement toutes les autres lois. Sa nouveauté vient de ce qu’elle a le Christ comme modèle de vertu et de charité, comme force et assurance pour vivre cet amour et comme finalité dans la communion de l’Église. Triple bonne nouvelle et de quoi alimenter une mystique du Fisc et de l’arrêt au feu rouge !

Alexis Julien-Laferrière, diacre